HOME COOKING SHARE, le Mag 100% musique indé du mois de décembre me consacre une longue Interview.
À cheval entre les styles, avec classe
C’est peu de dire que son album «Le Monde Est Fou» nous a charmés ! Fort en
textes et textures sonores, entre pop, chanson et hybridation musicale,
c’est, d’une certaine manière, un bien bel alien qu’Isa Somparé propose.
Un alien chaleureux auquel on s’attache très vite, et qui se révèle aussi
riche que léger.
Tu as un parcours assez atypique et autodidacte !
Est-ce que tu peux nous en parler ?
J’ai baigné dans la musique, j’ai été élevée dans une famille où il y avait
d’excellents musiciens, une cantatrice, un musicien d’orchestre. On
chantait beaucoup ! On m’a mise au piano à 6 ans, jusqu’à 14/15 ans.
J’ai eu envie de faire autre chose, j’ai fait du théâtre, au Conservatoire
du Havre, puis en arrivant à Paris, je voulais être comédienne. J’ai passé
un petit moment au Cours Florent, puis j’ai travaillé avec une troupe
pendant 7/8 ans, on jouait du Molière, du Racine, etc. Puis la troupe a
splitté, je me suis trouvée perdue dans la nature, sans réseau. Par hasard,
je suis revenue à la musique. Pendant toutes ces années, j’ai continué à
écrire, et j’ai rencontré deux personnes qui aimaient ce que j’écrivais, qui
m’ont proposé de le mettre en musique. C’était aux débuts de la MAO.
J’ai trouvé ça super, de pouvoir travailler seul sur sa musique. Je me suis
acheté un 4-pistes, puis un ordi et je suis devenue complètement fan !
Au fur et à mesure je me suis auto-formée et j’ai travaillé sur ordinateur
pour mettre mes mots en musique. J’étais devenue aussi chanteuse
dans un club de jazz, et j’ai pris des cours de basse, et j’ai travaillé ainsi
énormément l’harmonie. Ça a bien pris 10 ans, de travail acharné, tout
ça.
Tu as tout appris sur le tas, seule ?
Plus des rencontres, notamment avec Éric Barouti, qui est ingé son, qui
m’avait aidé à développer sur les premiers sons, il m’avait notamment
amené en studio, chez Éric Neveu, qui a fait beaucoup de musiques de
films, pour que j’apprenne un peu le travail en studio. Ça a été une autoformation
tous azimuts. J’ai aussi rencontré par son intermédiaire, tout
un tas de musiciens. On a fait un premier 2-titres, que j’ai repris dans
mon premier album ensuite, en les retravaillant. Je me suis alors sentie
prête à me lancer dans ce premier album, «Rouge à Rêve», que j’ai
fait seule, mais bien entourée, avec plein de musiciens. Ça a eu un petit
succès critique, et surtout, j’ai pu rencontrer un éditeur, Plaza Mayor qui
a ressorti l’album un an plus tard, avec un peu plus de moyens. Pour un
coup d’essai, je trouvais ça pas trop mal (rires).
Après le premier album, tu as aussi sorti quelques
singles, assez différents !
Entre deux, j’ai sorti deux titres, uniquement sur internet, un peu plus
légers. Il y a eu ensuite cet épisode covid. Après 15 jours de trauma, je
me suis remise à la musique. J’avais du temps, quelques morceaux dans
les tiroirs, et me suis décidée à repartir sur une idée d’album. Je voulais
le faire en petit comité, je voulais que ce soit un peu electro. Il n’y a que
Leandro Aconcha aux claviers et Daniel Blanse aux guitares qui sont
intervenus. J’envoyais des démos un peu poussées à Leandro en lui
donnant quelques indications, il me renvoyait ses parties, c’était superbe.
On aurait pu faire un piano-voix sur ce qu’il m’envoyait comme matière,
d’ailleurs ça peut être une idée pour plus tard (rires). D’une manière
générale, il faut que je trouve des musiciens qui me comprennent, quand
on s’accorde, ça donne des moments géniaux ! je leur laisse une grande
liberté, je leur parle plus par images de ce que je veux.
Quelles sont tes influences, d’une manière
générale ?
Je pense qu’elles sont dans les standards de jazz et dans la chanson
française. Un disque qui m’a marquée quand j’étais petite, c’était
«Le Métèque» de Georges Moustaki. Je l’écoutais en boucle. J’ai
beaucoup écouté Barbara. J’aime écrire en français, j’aime cette langue.
Avec «Rouge à Rêve», on a failli faire une tournée au Japon, ce qu’ils
demandaient dans le contrat c’est que tout, même les interventions, se
fassent en français. Donc, je me dis que les gens, même en dehors de la
France, aiment le français, trouvent ça super sexy, ce n’est donc pas la
peine de vouloir faire de l’anglais, en moins bien que les américains ou
les britanniques.
Dans tes créations, on retrouve encore beaucoup
de choses, de l’électronique à une certaine
énergie rock !
En electro, j’écoutais beaucoup Alex Gopher, les Daft, Yuksek, Justice,
etc. Je trouve qu’avec les machines, on peut faire un tel travail sur le son,
c’est extraordinaire. C’est intéressant que ce travail soit mis au service de
la musique et des textures. On peut être dans un univers qui te parle au
niveau sonore, c’est ça que je cherche quand je mets de l’électronique.
Biolay aussi, que je suis depuis le début. Musicalement, il y a une liberté
de création, par rapport aux sons qu’il utilise, qui m’inspire beaucoup.
Tout ça fait un petit mélange, qui m’échappe !
Tes textes sont forts, mais sur une musique
plus légère. C’est une façon de leur donner plus
d’impact ?
C’est voulu ! Au niveau textes, je voulais écrire ce qui se passait, quand
tu vois ce qui se passe dans le monde, tu pourrais écrire tous les jours.
J’essaye d’être juste observatrice, donner le point de vue de l’humain, sans
jugement. Je ne suis pas du tout militante, dans ce sens-là. Pour moi la
musique doit rester une chose légère. La musique doit rester entendable,
pas redondante par rapport aux textes. Je voulais que ça reste abordable.
Et puis, j’aime la musique un peu joyeuse, d’une manière générale. Une
musique trop pesante m’empêche d’aller écouter les paroles.
Il y a une dimension live évidente en écoutant le
disque. À quoi ressemblera ton live ?
Je l’imagine, je commence à le visualiser dans ma tête. L’idéal, ce serait
qu’on soit 4, avec clavier, batterie, plutôt électronique, et puis quelqu’un
aux machines, qui puisse envoyer les sons au bon moment, quitte à
les retravailler. Et moi au chant et à la basse, même s’il y a des choses
à la basse que je n’arriverais pas à faire en chantant (rires). Je vois des
plages d’impro, des moments de danse… Pour l’instant pas de dates, je
me suis concentrée sur la promo, faire connaitre le disque, pour avoir un
petit réservoir de gens qui puissent vouloir venir me voir. Et puis, en ce
moment c’est assez embouteillé, quand-même.